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Malka Marcovich...enjeux internationaux
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3 février 2008

"Durban et après", six ans aprés

Le 7 décembre 2001, trois mois après la conférence mondiale contre le racisme, le MAPP (Mouvement pour l'abolition de la prostitution et de la Pornographie...) et la CLEF (Coordination française pour le Lobby Européen des Femmes) organisaient à l’Assemblée Nationale, une conférence réunissant différents témoins de Durban -qui bien vite se désignèrent comme les "survivants" de Durban - pour témoigner des violences qui avaient eu lieu lors de cette conférence sous l’égide de l’ONU. Au delà de l'état des lieux, ils souhaitaient s'interroger sur la crédibilité de la société civile, ainsi que sur la clarté des positions qu’elle défendait autour des droits de la personne humaine.

La relecture des actes de cette réunion, à un an de la conférence dite de Durban 2, qui aura lieu lors du premier semestre 2009, n’est pas inutile. Le MAPP et la CLEF furent en effet les deux seules structures à avoir organisé pareil débat avec des personnes venant de tous horizons.

On retrouvera ainsi les témoignages de Fiammetta Venner de Prochoix qui analysait la violence antisémite, de Bernice Dubois qui relatait la manière dont les femmes avaient été mises à silence, d'Erika Harriford qui décrivait la manière dont le Caucus des ONG européennes avaient été putché, de Miroslav Prokes, membre du Comité d’Organisation du Forum des ONG, dont le courage fut exemplaire durant tout le processus, qui rappelait les manipulations et les procédures tout à fait antidémocratiques qui avaient prévalu alors. Pour ma part je questionnais la complicité et le silence de la société civile.

D’autres témoignages et rapports sont consignés également dans ces actes, comme celui de Ronald Eissen de ICARE (Internet Center Against Racism in Europe) qui écrivit un  texte trés fort- "le lendemain matin" - le lendemain même de l’adoption du texte des ONG dans une atmosphère de lynchage.

On trouvera également le formidable interview de Fodé Sylla, député européen à l’époque .

On pourra lire l'ensemble des communiqués de presse et des déclarations d'organisations ou de personnes qui se sont opposées à Durban 1, comme celui des Roms, de Yuri Dzibadze du Caucus des ONG d’Europe de l’Est ou d’autres .
Certains dont des membres avaient été plus ou moins actifs dans le déchaînement des violences comme le MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples) ou l’ENAR (European Network Against Racism in Europe) -notamment au sein du caucus des ONG européennes - avaient préféré au retour publier des communiqués pour s’en démarquer, leur réputation étant bien évidemment en jeu.

Fait significatif, malgré ce qui a été dit dans des quotidiens tels que Le Monde durant la conférence, les grandes ONG comme la FIDH, HRW ou Amnesty n’ont pris aucune position notoire au retour.

De même le Lobby européen des Femmes à Bruxelles, dont certaines membres du bureau avaient été impliquées dans la destruction du Caucus de ONG européennes, n'a pas condamné ces événements.

Le 8 décembre 2001, plusieurs personnes présentes à la Conférence "Durban et aprés", publièrent un communiqué les engageant à mettre en oeuvre le plan d'action européen de la conférence de Durban.

Pour rappel, si la déclaration et le programme d'action issus du Forum des ONG contiennent les fameux discours de haine, le texte gouvernemental a pu être débarrassé des passages inadmissibles, grâce à la détermination du Ministre Belge Louis Michel qui présidait alors l'Union Européenne.


Depuis 2001, en Russie, en République Tchèque, dans de nombreux pays d'Europe, le programme d'action gouvernemental a été un instrument trés important pour lutter contre toutes formes de discriminations.

Aujoud'hui,  je dois reconnaître qu'il contenait des failles que je n'avais pas vu à l'époque.

Si je m'inquiète comme beaucoup de la future conférence contre le racisme, il faut souligner que nous ne disposons pas aujourd'hui de textes clairs, portant spécifiquement sur cette conférence, qui nous permettent d'affirmer que Durban 2 sera pareil à Durban 1.
En revanche, tous les textes, résolutions et déclarations qui se rédigent chaque jour aux Nations Unies (à l'Assemblée Générale et au Conseil des Droits de l'Homme en particulier) sont sans équivoque. L'esprit de Durban 1 est omniprésent à tous les niveaux de l'institution(1) et il y a fort à craindre que Durban 2 sera même pire que Durban 1.

Pour lire les actes du Colloque
A_Durban_et_apr_s_actes B_Durban_et_apr_s_actes C_Durban_et_apr_s_actes D_Durban_et_apr_s_actes E_Durban_et_apr_s_actes

(1)Voi mon articles dans "Les Temps modernes"

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