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Malka Marcovich...enjeux internationaux
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21 mars 2008

Durban II : redéfinir le racisme

20 mars 08 - Après être apparu en lien avec la liberté d’expression et la religion, le thème de la discrimination sur la base de la religion semble faire son chemin dans l’agenda de la prochaine conférence sur le racisme, Durban II qui se tiendra en 2009

Pamela Taylor/Tribune des droits humains

- C’est le sujet sparadrap, celui qui a dominé la majorité des discussions de la présente session du Conseil des droits de l’homme jusqu’ici. Les représentants des pays musulmans ont introduit le thème de l’islamophobie particulièrement en relation avec la libre expression, la religion, et maintenant le racisme.

Les pays occidentaux ont répliqué que la liberté d’expression ne devait pas être menacée par la diffamation des religions, qui est déjà prise en compte dans les législations civile et internationale. La question de la discrimination sur base religieuse, ont-ils ajouté, est couverte par le mandat actuel du Conseil sur la liberté de religion.

Loin de se décourager, les délégués des pays musulmans ont abordé le sujet dans le débat sur l’agenda de la conférence sur le racisme, connue sous le nom de Durban II, qui doit se tenir en 2009. Ils insistent pour dire que suite aux évènements du 11 septembre 2001 [attaques contre les Etats-Unis] la définition du racisme doit être revue pour inclure la xénophobie, le profilage racial et la discrimination religieuse.

"La gravité de la diffamation des religions"

Dans son rapport annuel, présenté le 19 mars dernier, l’expert des Nations Unies sur le racisme, le sénégalais Doudou Diène, a souligné « que le processus de révision de Durban [devait être] l’occasion d’une expression politique ferme de la part de la communauté internationale pour prendre la mesure de ces phénomènes ».

Le rapporteur a attiré l’attention de la salle sur « la gravité de la diffamation des religions, de l’antisémitisme et de la christianophobie et plus particulièrement de l’islamophobie ». Cela a été perçu par les observateurs occidentaux comme une tentative d’obtenir un plus grand soutien pour inclure la discrimination des religions dans la définition du racisme.

Toutefois, selon Anh Thu Duong, de la mission suisse auprès des Nations Unies, le document adopté par la conférence de l’ONU sur le racisme - réunie à Durban en 2001 - contient déjà un référence à l’islamophobie. Elle rappelle que « le but est de protéger les individus, pas les religions ».

Parlant au nom du groupe africain, l’Egyptien Omar Shalaby a fait référence à « l’augmentation alarmante des cas d’incitation à la haine raciale et religieuse ». Alors que l’Egypte mène le mouvement pour faire inscrire la discrimination contre les musulmans à l’agenda de Durban II, certains délégués au Conseil des droits de l’homme se demandent si tous les pays africains vont suivre. En effet, certains d’entre eux pourraient bien se ranger du côté occidental, arguant qu’à trop insister sur la discrimination religieuse, on risque de détourner l’attention du cœur même du racisme.

Un diplomate européen a confié à Tribune des droits humains qu’un « fossé était en train de se créer entre l’Afrique sub-saharienne et celle du nord. » Le thème de la discrimination religieuse serait « plus important pour le nord, alors que l’Afrique sub-saharienne considérerait la discrimination raciale comme le cœur de la conférence ». Mais quel que soit le résultat du vote qui se tiendra la semaine prochaine, il semble bien que la discrimination religieuse s’invitera à l’agenda de Durban II, d’une manière ou d’une autre.

Contours flous pour Durban II

Pour l’instant, on ne connaît ni le lieu, ni la date, ni la présidence de cette conférence de suivi de Durban I. L’Afrique du Sud a proposé d’accueillir à nouveau la manifestation à Durban en 2009, mais Genève et New York sont sur les rangs. La personne qui présidera la conférence est inconnue, puisque l’actuelle Haut-Commissaire aux droits de l’homme a annoncé qu’elle ne se représenterait pas à fin juin.

En janvier 2008, le Canada a annoncé qu’il allait boycotter la conférence de Durban II disant qu’elle allait sans doute « dégénérer en expression d’intolérance et d’anti-sémitisme ». En février Israël a menacé de suivre, à moins « qu’il soit prouvé que la conférence ne sera pas utilisée comme plateforme pour de nouveaux comportements anti-israéliens et anti-sémites ». En 2001, les Etats-Unis et Israël avaient quitté Durban I à cause des attaques arabes contre l’Etat hébreu, mais Washington n’a pas annoncé ses intentions pour 2009.

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