Madre Tierra, Mother earth, terre nourricière, quelles conséquences politiques pour le futur ?
Le 22 avril a été proclamée Journée internationale de la terre nourricière en vertu de la résolution A/63/L.69 adoptée, en anglais Mother earth et en espagnol Madre Tierra. Proposée par le Président Moralès de Bolivie, elle a été soutenue par Antigua-et-Barbuda, Argentine, Barbade, Bélarus, Bénin, Bhoutan, Bolivie, Bosnie-Herzégovine, Brésil, Burkina Faso, Burundi, Cap-Vert, Chili, Chine, Congo, Cote d’Ivoire, Cuba, Dominique, Égypte, El Salvador, Équateur, Espagne, Guatemala, Haïti, Honduras, Italie, Japon, Kazakhstan, Kirghizistan, Koweït, Liban, Luxembourg, Mongolie, Népal, Nicaragua, Pakistan, Paraguay, Philippines, Portugal, République arabe syrienne, République dominicaine, République populaire démocratique de Corée, Sainte-Lucie, Serbie, Seychelles, Somalie, Soudan, Togo, Uruguay, Venezuela.
La résolution a été adoptée sans vote.
Depuis 1992, lors du Sommet de Rio, la communauté internationale se mobilise sur les questions environnementales . Et l'on doit saluer le fait que ces sujets fassent partie du cahier des charges de l'institution.
La proclamation d'un jour de commémoration de la planète et de protection de l'environnement n'a rien de scandaleux dans un contexte de surenchère de journées commémoratives.
Mais la terminologie employée dans la résolution ("terre nourricière", Madre tierra en espagnol et Mother earth en anglais) a une portée symbolique et politique dont on ne peut que s'inquiéter. Cela a encore été renforcé par les discours qui se sont succédés ensuite à la tribune, notamment ceux du Président de l'Assemblée Générale, le père Miguel D'escoto Brockman, et le Président Evo Morales de Bolivie.
La résolution explique le choix terminologique qui renvoit la la fonction maternelle :
Constatant que l’expression Terre nourricière est couramment utilisée dans de nombreux pays et régions pour désigner la planète Terre et qu’elle illustre l’interdépendance existant entre l’être humain, les autres espèces vivantes et la planète sur laquelle nous vivons tous,
Evo Morales, Président de Bolivie :
"Au XXème siècle, les droits humains ont été reconnus. (...) La mère nourricière terre aussi doit avoir ses droits et le XXIème siècle doit être le siècle de la mère terre (...) c'est un moment unique dans l'histoire de l'humanité, et les pays qui ont endossés cette résolution seront marqués dans l'histoire de l'humanité. Ce ne sont pas seulement les êtres humains qui ont des droits, mais également la planète, les animaux, les plantes. Tous les êtres vivants ont des droits qui doivent être respectés. Ce qui se passe avec le changement climatique est dû au fait que l'on n'ait pas respecté les droits de la mère terre nourricière. (...) Certains êtres humains considèrent qu'ils sont au centre de l'univers. (...) la vie humaine n'est pas possible sans la terre nourricière. (...) Pour nous, les peuples indigènes, la mère terre est sacrée. Et c'est pourquoi nous avons des rituels sacrés pour rendre hommage aux terres de nos ancêtres. (...) La mère terre est plus importante que l'humanité. (...) La mère terre n'aurait aucun problème s'il n'y avait pas d'êtres humains. Et les êtres humains n'existeraient pas sans notre Mère la Terre. (...) Nous devons, les 192 pays des Nations Unis, nous entendre pour une Déclaration universelle des droits de notre Mère la Terre. Et je proposerais 4 droits : le droit à la vie, ce qui veut dire le droit à exister, le droit pour tous les écosystèmes de ne pas être abîmés par des actes irresponsables des êtres humains....."