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Malka Marcovich...enjeux internationaux
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2 juin 2009

Unesco, l'ancien ministre algérien Bedjaoui dans la course pour... le Cambodge

Bedjaoui sera l’adversaire du candidat de l’Algérie
Il représente le Cambodge pour l’élection du DG de l’Unesco
Par : SALIM KOUDIL
article paru sur www.liberte-algerie.com

Mohamed Bedjaoui  sera bel et bien l’adversaire du candidat soutenu par l’Algérie pour le poste de directeur général  de l’Unesco, en l’occurrence l’Égyptien Farouk Hosni.  L’information est officielle depuis  le 1er juin dernier.

Il faut savoir que la date butoir pour le dépôt des candidatures était le 31 mai à 23h59. Même si elle ne sera proclamée par le conseil exécutif de l’Unesco que lundi prochain, nous avons pu nous procurer la liste définitive des postulants au remplacement du Japonais Koïchiro Matsura à la tête de l’Unesco. Ils sont neuf au total à briguer le mandat de quatre ans et dont le vainqueur sera connu en octobre, à l’issue des élections du conseil exécutif. Il s’agit d’Ivonne A-Baki (48 ans, ex-ambassadrice de l’Équateur à Washington), de Benita Ferrero-Waldner (60 ans, Autrichienne, commissaire de l’UE pour les Relations extérieures), d’Irina Bokova (58 ans, ambassadrice de la Bulgarie à l’Unesco), d’Alexandre Yakovenko (ministre russe des Affaires étrangères adjoint), d’Ina Marciulionyte (46 ans, ambassadrice de la Lituanie à l’Unesco), de Noureini Tidjani-Serpos (63 ans, Béninois, actuel directeur général pour l’Afrique à l’Unesco), de Sospeter Muhongo (54 ans, Tanzanien), de Mohamed Bedjaoui (79 ans, Algérien) et, enfin, de l’Égyptien Farouk Hosni (71 ans, actuel ministre de la Culture).

Ils auraient pu être deux
En ce qui concerne l’Algérie, le problème est loin d’être banal. La confirmation de la candidature de Bedjaoui a tout l’air d’un défi de l’ex-ministre des Affaires étrangères envers la présidence. L’Algérie soutient officiellement, et cela depuis plusieurs mois, la candidature (annoncée depuis 2007) de l’Égyptien Farouk Hosni. Une position qui s’inscrit dans le cadre des recommandations de la Ligue arabe et de l’Union africaine, deux organisations qui ont opté pour le ministre de Hosni Moubarak. Malgré cela, et n’ayant pas obtenu l’accord de son pays pour le proposer en tant que candidat, Bedjaoui a décidé de se présenter pour le compte du Cambodge. Pour en savoir plus, nous avons contacté par téléphone Bedjaoui. Après avoir confirmé sa candidature, il s’est abstenu de tout commentaire  “Je ne veux faire aucun commentaire pour le moment”, a-t-il précisé. Selon son entourage, sa position est surtout liée à “un refus d’obtempérer au choix du président égyptien qui veut imposer son ministre”. Ce qui est loin d’être une vue de l’esprit puisque la candidature de Farouk Hosni est considérée au pays des Pharaons comme une affaire d’État. En novembre prochain, le seul représentant égyptien à la tête d’une organisation mondiale, Mohamed El-Baradei, directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) depuis le 1er décembre 1997, prendra sa retraite. Si Farouk Hosni n’obtient pas ce poste à la tête de l’Unesco, ce sera la première fois depuis près de 18 ans que Moubarak n’aura pas réussi à placer un Égyptien à la tête d’une organisation internationale. Boutros-Boutros Ghali avait été secrétaire général de l’ONU de janvier 1992 à décembre 1996. En plus de Bedjaoui, la liste des candidats aurait pu contenir un autre candidat algérien dont le nom circulait dans les couloirs du siège parisien de l’Unesco depuis plusieurs mois.
Mounir Bouchenaki, 66 ans, actuellement en poste en Italie où il est directeur général du Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels (ICCROM). Pressenti pour être parrainé par la Bosnie, cet archéologue aurait finalement fait marche arrière à la dernière minute. Il faut cependant relever que le cas de Bedjaoui n’est pas isolé. Dix ans auparavant, soit en 1999, un certain Ismaïl Séragueddine n’avait pas obtenu l’accord de son pays, qui n’était autre que l’Égypte, pour espérer succéder à Federico Mayor. Il avait alors décidé de se présenter sous la bannière du Burkina Faso. Cette année-là, plusieurs présidents arabes, dont Hosni Moubarak, avaient soutenu un candidat unique, le Saoudien Ghazi al Qosseby (à l’époque ambassadeur à Londres) qui, au bout, sera battu par le Japonais.

Abdelmoumène,  Un exemple à méditer !
Plusieurs cas du genre on été signalés par le passé. Le cas de l’Algérien Mohamed-Larbi Abdelmoumène en 1993. Postulant pour le poste de directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), il avait été soutenu par les États-Unis et était quasiment assuré de prendre le poste. Cependant, il a été carrément lâché par plusieurs pays le jour du vote dont l’Algérie qui lui avait préféré le Japonais Hiroshi Nakajimaest qui briguait un second mandat.
Un désistement des autorités algériennes qui avait beaucoup surpris. D’ailleurs, lorsqu’en 2001, Abdelmoumène avait été nommé ministre de la Santé pour prendre, quelques mois plus tard, le portefeuille du Travail et de la Sécurité sociale, certains y avaient vu une forme de compensation.

Sous l’ombre de Barbosa
Reste maintenant l’élection prévue en octobre prochain et qui semble susciter l’intérêt de plusieurs États et pas des moindres. En vue des remous constatés à plusieurs niveaux et sous différentes formes, l’enjeu dépasse de très loin le cadre du siège parisien de l’Unesco. 
Dans l’état actuel des choses, il faut dire que pour Bedjaoui, les chances d’obtenir le poste sont quasiment nulles. Le candidat le plus sérieux reste l’Égyptien Farouk Hosni.
Nos sources précisent que la candidature de l’ex-ministre des AE ferait partie du plan de Marcio Barbosa, directeur général adjoint de l’organisation depuis huit ans. Ce dernier, à l’instar de Bedjaoui, n’avait pu obtenir le soutien de son pays.
Le Brésil soutenant officiellement le candidat des pays arabes sur lesquels le président Lula da Silva compte beaucoup pour appuyer la candidature de son pays pour l’obtention d’un siège au Conseil de sécurité de l’ONU.
Le numéro deux de l’Unesco aurait tout fait pour inciter Bedjaoui (avec qui il entretiendrait de très bonnes relations depuis plusieurs années) à se représenter. L’objectif escompté était de démontrer aux autorités brésiliennes que l’unanimité arabe n’était que de façade et qu’il serait plus adéquat de le soutenir dans sa démarche de remplacer Matsura. Le plan instauré par Barbosa ne touchait pas uniquement le groupe des pays arabes qui représente 7 sièges sur les 58 que compte le bureau exécutif de l’Unesco. L’Afrique a été également touchée. Le Tanzanien, Sospeter Muhongo, et le Béninois, Noureini Tidjani-Serpos (dont la candidature a été déposée quelques heures avant la fin de l’ultimatum), seraient les deux autres “pions” de Barbosa pour démontrer que l’Afrique part en rangs dispersés pour l’élection d’octobre prochain.
Malgré toutes ses manœuvres, le DG adjoint de l’organisation n’a pu changer la position officielle de son pays ni encore trouver un pays qui puisse le parrainer. Ne voulant pas abdiquer, le Brésilien se présente encore comme une “solution”, et c’est ce qui expliquerait le fait que Bedjaoui maintienne toujours sa candidature.

Manœuvres  et contre-manœuvres
Selon des informations recueillies auprès de certaines délégations accréditées à l’Unesco, certains pays européens et africains comptent convoquer prochainement un conseil exécutif extraordinaire pour prolonger la date limite du dépôt des candidatures. Une “combine” derrière laquelle Barbosa ne peut être étranger. Devant la présence des sérieuses candidatures de la Lituanienne Ina Marciulionyte (en plus de son pays, elle est parrainée par la Lettonie, l’Estonie, ainsi que l’Ukraine), de l’Autrichienne Benita Ferrero-Waldner, (cautionnée par son pays et la Colombie) et Farouk Hosni (parrainé par l’Égypte, le Soudan, les Émirats arabes unis et le Koweït), le Brésilien compte se présenter en tant que candidat de consensus. En face, il y a l’“opposition”, qui représente essentiellement des pays qui soutiennent le ministre égyptien, qui ne semble pas vouloir rester les bras croisés. D’après les échos qui nous sont parvenus, la situation risque de prendre d’autres proportions.
Des menaces de divulgation de détails “croustillants” sur la gestion de l’équipe du directeur général sortant (en poste depuis 1999) sont à peine voilées. Des “bribes” avaient déjà été livrées il y a environ huit mois. Toutes les délégations accréditées à l’Unesco avaient reçu un document, dont l’auteur était anonyme, dénonçant la gestion de la direction générale de l’organisation. La controverse va sans aucun doute s’amplifier au fil des jours et des semaines.
Le candidat de l’Algérie semble toutefois confiant. Il le répète souvent dans ses déclarations. Mercredi dernier, Farouk Hosni a profité de sa rencontre au Caire avec le DG de l’ENTV, Abdelkader Leulmi, et le conseiller de la ministre de la Culture, Noureddine Othmani (en visite officielle pour expliquer les contours de la deuxième édition du Panaf) pour déclarer à l’APS qu’il était “bien placé” pour succéder à Matsura.
Il profita de l’occasion pour affirmer qu’il était étonné de l’attitude de l’Europe avec les nombreuses candidatures. “Le tour est au monde arabe qui doit avoir un représentant”, a-t-il déclaré tout en ajoutant que “les pays du Sud occupent ce poste, car connaissant mieux leurs capacités et leurs besoins”.
Les Égyptiens sont surtout outrés par la position de la Russie qui, après avoir affiché son soutien à Hosni, se “rétracte” et annonce, quelques jours avant la fin du mois de mai, qu’elle aura son “poulain” en la personne de son ministre russe des Affaires étrangères adjoint, Alexandre Yakovenko.
La déception égyptienne s’est également exprimée via la plume de l’un des plus influents journalistes, Mohamed Salmawy, dont l’une de ses “casquettes” est le poste de secrétaire général de l’Union des écrivains arabes. Sur les colonnes d’El Ahram Hebdo (édition du 27 mai au 2 juin), il a publié un article dont le titre est : “Un coup de poignard russe dans le dos”.
Après avoir critiqué avec virulence l’attitude du gouvernement russe, Salawnay lança un avertissement à peine voilé : “Si le peuple égyptien a réussi malgré les accords officiels à boycotter l’État qui œuvre à exterminer le peuple palestinien, il ne lui sera pas difficile de boycotter le blé russe, avec tous les insectes qu’il comporte.”
Deux jours après la parution de l’article, et à la surprise générale, plus de 30 étudiants russes ont été interpellés en Égypte… Décidément, la guerre pour le poste de DG de l’Unesco cache d’autres conflits d’intérêts colossaux qui mettent en jeu des États entiers.

 

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