Les forces démocratiques et progressistes, soutenons le peuple iranien !
Par Ann Pak
Avant le 12
juin personne n’était prêt à parier sur la révolte du peuple iranien
ou même à prévoir sa probabilité. Le 12 juin, un chroniqueur de
France culture qualifie l’ambiance électorale comme étant « démocratique ».Et
lorsque, le soir des élections, les faux résultats sont tombés aucun
journaliste ne put prédire un soulèvement populaire surtout d’une
telle ampleur.
C’est que
les médias occidentaux ne se sont pas réellement penchés sur notre
peuple, sur ses luttes et sur ses revendications, alors que depuis 30
ans, des femmes et des hommes n’ont jamais cessé de lutter contre
la dictature des ayatollahs.
Mois de juin
est devenue une date presque symbolique : c’est le 18 juin 1999 qu’a
eu lieu le célèbre massacre des étudiants qui avaient osé réclamer
plus de liberté, c’est le 12 juin 2006 que des femmes sont descendues
dans la rue pour réclamer leurs droits humain et que, suite à la répression,
elles ont décidé d’agir différemment et de lancer d’autres moyen
de lutte, comme par exemple « la campagne d’un million de signatures ».
Je ne veux
même pas rappeler ici les combats des iraniennes et des iraniens et
les sanctions subies depuis la révolution islamique et surtout pendant
la guerre Iran-Irak. Je ne veux même pas invoquer les assassinats des
journalistes, intellectuel-les, écrivain-es…..pour illustrer le fait
que les iraniennes et iraniens ne se sont jamais montrés soumis au
régime islamiste durant ces 30 années.
Or, les médias
français qui reflètent des informations sur toutes ces luttes sont
rares, voire inexistants. Ils ont été plutôt fascinés par la supercherie
du « dialogue des civilisations » très à la mode chez les bien-pensants,
plutôt occupés par le nucléaire iranien gonflé à dessein par le
régime pour augmenter la répression contre le peuple.
Rien sur la
lutte des femmes, des hommes et des étudiants de ce pays.
Aujourd’hui,
travailler pour un journaliste en Iran est extrêmement difficile. Mais
les iraniennes et iraniens, malgré le censure, envoient des images
et fournissent les infos aux journalistes étrangers pour pouvoir enfin
faire entendre leur voix à la communauté internationale, pour enfin
monter le vrai visage de ce régime et son rejet de la part du peuple.
Et cependant,
certains restent sourds aux cris des manifestants. Ainsi, un journaliste
de la BBC, (chassé à son tour par les autorités) relayé par
des chaînes de télé françaises, déclare : « ces manifestations
sont juste des rassemblements d’unité, les manifestants n’expriment
aucune revendication », alors que lui-même était emporté par
la foule des manifestants qui entonnaient « Marg bar dictature, Marg
bar dicteurs » « mort à la dictature, mort aux dictateurs ». Et même
s’il ne comprend pas la langue persane, même s’il ne sait pas la
traduire, il peut au moins s’abstenir de tout commentaire, car le
sien signifiait plutôt « comment-taire » les cris du peuple iranien.
Depuis le jour
même des élections, les iraniennes et les iraniens en exil ont manifesté,
dans tous les pays du monde, pour exprimer leur solidarité avec leurs
concitoyens. Ils ont réclamé plus de liberté, plus de démocratie
et une constitution laïque, comme ce fut le cas à Bruxelles à Washington
ou dans des villes des Pays-Bas, ou bien à Paris.
Pourtant les
médias français ont préféré couvrir un autre rassemblement, et
braquer leur caméra sur celui des Mojahédine du peuple. Pourquoi ?
Ceux-ci forment
un mouvement islamique et sectaire, longtemps reconnu comme terroriste.
Il est vrai
que nous vivons dans un air de mise en scène. Le goût de l’exotisme,
du spectacle règne avec force. Et il est vrai que les mojahédine sont
parfaitement organisés et dotés d’énormes moyens financiers qui
leur permettent de répondre à ce goût.
Ainsi, une
des chaînes de télévision françaises les présente comme « la
seule force opposante au régime islamiste. » Pendant deux jours,
à l’heure des informations, ces chaînes repassent en boucle les
photos et les interviews de Maryam Rajavie, leur « icône sacrée »-
élue par les mojahédine, comme future présidente iranienne. Citons
au passage qu’elle est bien voilée et couverte de la tête aux pieds
d’un habit vert (couleur du chiisme politique).
Tout ceci occulte
les véritables aspirations du peuple iranien. Si aujourd’hui les
iraniennes et les iraniens sont dans la rue, s’ils affrontent la mort,
s’ils se moquent des répressions et des menaces, ce n’est en aucun
cas pour remplacer l’islamisme des ayatollahs, par n’importe quel
autre islamisme fusse-t-il bien déguisé !
Toutes les
nuits, depuis le 12 juin, la population crie sur les toits « marg bar
dictature », « we want democratie », « peace in the middle east » ; tous
les jours, ils sont des milliers à être battus, arrêtés, violentés ;
des centaines sont tués … Les femmes, les hommes et les jeunes d’Iran
ont ras le bol du dictat islamiste. C’est cela la réalité de l’Iran.
Et nous, iraniens démocratiques
et laïques en exil, devons regrouper toutes nos forces et toutes nos
énergies pour être à la hauteur de toutes les attentes de nos concitoyens,
pour montrer à la communauté internationale le vrai visage de notre
pays, pour tenir en échec toutes les tentatives d’intimidation par
la religion.
Le directeur de conscience
d’Ahmadinajad, un « guide suprême », vient de donner une « fatwa »
en faveur des fraudes électorales et pour la liquidation « physique »
de Moussavi et Karoubi ! Il est temps de relier et faire retentir le
cri et le refus du peuple iranien du régime islamiste.