Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Malka Marcovich...enjeux internationaux
Malka Marcovich...enjeux internationaux
Newsletter
Archives
27 juin 2008

Louise Arbour in extremis

Le 1er juillet, Louise Arbour, Haute Commissaire aux droits de l'homme, quittera son poste, laissant la place à son successeur qui n'a toujours pas été désigné, même si les rumeurs enflent un peu plus chaque jour....
Voila prés d'un mois que la juriste canadienne - qui entamera à n"en pas douter une nouvelle carrière politique - s'insurge, communiqué de presse après communiqué de presse, contre les violations des droits humains au Zimbabwe, en République Démocratique du Congo, en Birmanie (pas en Chine) contre la peine capitale sur des mineurs en Iran, l'expulsion d'émigrés erythréens en Egypte etc...
Dans un long interview publié dans le Monde daté du 28 juin, Louise Arbour critique la manière dont les démocraties "tolèrent  l'érosion" des droits humains et l'avancée du religieux au sein de l'institution en ce 60ème anniversaire de la Déclaration universelle.

On ne peut que s'en réjouir. Pourtant, on aurait aimé qu'elle affirme un message plus clair lors de sa dernière mission (et premier voyage) au Pakistan qui se trouve être par ailleurs le représentant agressif de l'Organisation de la Conférence islamique au Conseil des droits de l'homme . Il est un des pays à oeuvrer pour la mise sous tutelle du Haut Commissariat, qui fut une des raisons de sa volonté de départ.
Dans son communiqué de presse datant du 27 juin, elle félicite au contraire le gouvernement Musharaf, et ne dit mot sur la pénalisation des relations sexuelles hors mariage que le Pakistan légitimait encore dernièrement en pleine séance du Conseil au nom de la Shariah.
Il faut dire qu'avant de partir,  elle a lancé le projet d'une réflexion d'experts (en sera-t-elle?) qui sera organisée dans le courant de l'année par le Haut commissariat, et portera sur la limitation de la liberté d'expression dans le cadre de  la haine contre les religions (à savoir le blasphème).

Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle n'a pas fait preuve de grand courage dans la défense des droits humains durant son mandat.
On s'en souvient, elle s'était rendue à Téhéran voilée pour la conférence du Mouvement des non alignés en septembre, et avait écouté sans broncher l'appel à la destruction de l'état d'Israël par le président iranien.
Elle n'avait pas condamné l'arrestation, le procès sans observateur international, les sentences iniques, les conditions infâmes de détention de la rapporteure spéciale sur la traite Madame Sigma Huda par un des pays membres du CDH, le Bangladesh.
Louise Arbour a trop longtemps - comme nombre d'ONG, et les démocraties - toléré l'érosion des droits humains.
Parviendra-t-elle encore à nous étonner, in extremis, à 3 jours de la fin de son mandat ?

Publicité
Commentaires
M
Concernant le contresens que vous m'attribuez, j'aurais du en effet étendre mon analyse qui découle également d'autres interviews qu'elle a donné dans d'autres médias à la veille de son départ imminent et qui ne se limitent pas seulement à la France. J'ai réagis à celui là particulièrement ainsi qu'au titre du Monde. Mais ma critique du réveil fort tardif de Louise Arbour demeure identique.
G
Il me semble qu’en « concentrant » deux phrases distinctes de Louise Arbour en une seule, vous lui faites dire ce qu’elle ne dit pas. <br /> <br /> En effet, l’interview du haut commissaire commence par une analyse de l’irruption des questions religieuses dans le débat sur la liberté d’expression. Je n’ai pas eu le sentiment, en lisant ses propos, quelle déplorait, à cet égard, que " les démocraties tolèrent... ". Bien au contraire, son analyse est assez nuancée, puisqu’elle considère que la réponse au problème doit être plus juridique que politique, plus une question de degré et de dosage que de maintien arc-bouté sur des principes intangibles. Elle résume en effet la question en ces termes : « quelles sont les limites raisonnables à la liberté d’expression dans une société démocratique ? » <br /> <br /> En revanche, Louise Arbour évoque effectivement, pour s’en inquiéter, le fait que « Les démocrates ont toléré beaucoup d'érosion des droits de l'homme ces dernières années, ouvrant tant de possibilités d'abus ». Mais elle parle des DEMOCRATES et non des DEMOCRATIES (relisez le texte). Surtout, elle évoque (si l’on en juge la question à laquelle elle répond et le texte intégral de sa réponse) l’érosion des libertés publiques au sein des démocraties occidentales, acceptée par l’opinion publique au nom de la lutte contre le terrorisme. Elle ne parle donc nullement d’une érosion des principes des droits humains au sein du CDH comme vous semblez vouloir le dire. <br /> <br /> Je suis étonné que l’historienne que vous êtes commette un pareil contresens sur un texte pourtant clair et explicite. <br /> <br /> Cordialement<br /> <br /> Guillaume WEILL RAYNAL
B
En effet, tout au long de son mandat, elle ne s'est jamais battue pour soutenir les droits humains, encore moins ceux des femmes.<br /> Ce qu'elle dit à quelques jours de la fin de son mandat vient trop tard, ne rachète pas tout le temps passé et est donc sans signification. Nous avons trop l'habitude des politiques de toutes tendances qui disent des choses merveilleuses juste avant de quitter leurs postes ou encore quand ils sont dans l'opposition.<br /> Elle est l'un d'eux.
Publicité